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"L'histoire d'une decadence." Le destin moderne de I'abbaye desertee de sainte Marguerite a Bijela

Stanko Andrić ; Hrvatski institut za povijest; Podružnica Slavonski Brod


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str. 65-92

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L'abbaye bénédictine de sainte Marguerite à Bijela (Bela au moyen âge), située aux confins orientaux de l'évêché de Zagreb médiéval (à l'est de Daruvar aujourd'hui), est apparue dans les sources écrites au 14ème siècle comme une maison dépendante de l'abbaye de Grabovo en Syrmie, mais c'était déja avant la fin de ce siècle qu'elle est devenue le siège principal de l'abbé portant un double titre de Grabovo et Bijela. L'histoire turbulente de Bijela à la fin du moyen âge, qui est relativement bien fournie de documents, s'acheva dans les années 1530, quand les moines ont abandonnée le monastère et celui-ci, déja fortifié auparavant, fut converti en château fort pour contribuer à la défense du pays contre les Turcs. La région entre la rivière de l'Ilova et les montagnes de Papuk et Psunj, représentant la partie sud-est du comté médiéval de Križevci et comprenant Bijela, fut conquis néanmoins en 1543-4. Dans les décennies suivantes, les mentions de l'abbaye sont très rares; en 1574, pendant les préparations d'un synode de la diocèse de Zagreb, le poste de son abbé est dit vacant.
Au début du 17ème siècle, le titre de l'abbaye fut ressuscité grâce à la confusion entre la Bijela/Bela bénédictine et le château de Bela dans le comté de Varaždin, ce dernier étant jadis une possession de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, acquise au début du 16ème siècle par la famille de Peta de Gerse. C'était le grand prévôt de l'évêché de Zagreb, Benoît Vinković, qui a obtenu le titre de l'abbé de Bijela du roi Ferdinand Il (confirmé par le pape Urbain VIII) et puis aussi, en 1629, une donation formelle énumérant tous les biens prétendus de l'abbaye, situés dans les comtés de Varaždin et de Križevci. Les prévôts de Zagreb, devenus ainsi abbés titulaires de Bijela, n'ont pourtant jamais réussi à s'emparer des appartenances du château de Bela, une possession légitime des Peta. Quant aux biens qui ont vraiment concerné l'abbaye de Bijela, tous situés dans le comté de Križevci et alors sous la domination ottomane (le château d'Oporovac étant le morceau le plus important). une décision du tribunal royal de 1628 montre que l'on n'a pas oublié le fait que, à la veille de la conquête turque, le droit de patronage sur Bijela, et donc aussi le droit de propriété par rapport à ses terres, avaient appartenus à l'abbaye hongroise de Pannonhalma. Les abbés de celle-ci, restaurée après une grave crise de plusieurs décennies, ont protesté vainement, en 1650, contre l'appropriation titulaire de Bijela par les prévôts de Zagreb, et ils ont commencé, en 1692, à accorder ce titre aux clercs de leur choix. La confusion autour de l'abbaye titulaire de Bijela s'est compliquée davantage quand le roi Ferdinand III commença, en 1646, la tradition de nommer un abbé "de la sainte Marguerite de Bela dans le comté de Baranya", ce qui n'avait pas de précedent historique autre que l'abbaye de Bijela, une fois de plus incorrectement fixée dans la mémoire ecclésiale.
Après la reconquête de la Slavonie par les armées de l'Empire habsbourgeois, les recensements du territoire libéré faits en 1698 et 1702 ont enregistré la grande ruine d'un monastère près du village de Bijela, alors compris dans la "Petite Valachie", une province appelée ainsi à cause des nombreux immigrés orthodoxes "valaques" ou serbes, venus des Balkans durant la domination turque. Les recensements décrivent brièvement le monastère tombé en ruine, entouré par les fortes murailles en partie détruites et contenant une église sans toit ni voûtes, avec une haute tour de pierre. Le monastère etait alors appelé Beli Kloštar ('cloître blanc', formé à l'aide d'une étymologie populaire tournant le nom de Bijela/Bela à une épithète du monastère). Les recenseurs savaient que l'église était dédiée à sainte Marguerite, et même que le monastère avait appartenu autrefois à l'ordre de saint Benoît; en 1702, on a cité à tort les "religieuses", sans doute à cause de la dédicace du monastère à une sainte.
Un rapport beaucoup plus détaillé sur la ruine à Bijela fut préparé en 1761 par les officiels du comté de Požega, suivant la requête du vicaire pour la Slavonie de l'évêque de Zagreb. Ici on trouve quelques données sur les édifices autres que l'église, dont les résidus remplissa ient l'enceinte du monastère. Dans l'église, la description détaille le frontispice, "orné de trois tours, dont la centrale dépassait en hauteur ses latéraux"; une sacristie à la voûte préservée, à côté du sanctuaire de l'église; et surtout une fresque sur la mur séparante la nef du chevet, au-dessus de l'arc triomphal, qui représentait le Jugement Dernier. Avant la fin du 18ème siècle, d'autres visiteurs ont laissé leurs compte-rendus plus ou moins exactes: Friedrich Wilhelm von Taube, qui a supposé en 1778 que cet "édifice somptueux" avait été construit par les templiers; Matthias Piller et Lajos Mitterpacher, professeurs de l'histoire naturelle à l'université de Buda, qui ont décrit en 1783 une autre peinture murale trouvée dans l'église; les cartographes militaires habsbourgeois qui ont signalé très précisément la position topographique du "Grad Bela" ('le château de Bela') sur leur carte minutieuse de la Slavonie "provinciale", complétée en 1782.
Au 19ème siècle, des descriptions intéressantes ont éte laissées en 1819 par Jan Čaplovič, secrétaire de l'évêque orthodoxe de Pakrac, et en 1893 par Jovan Jovanović, prêtre orthodoxe serbe. Čaplović a mentionné l'usage des pierres équarries du monastère pour la construction de la station thermale à Daruvar, et il était le premier à supposer par écrit une liaison historique entre la ruine à Bijela et le titre abbatial préservé dans la diocèse de Zagreb. Jovanović, d'autre côté, offre une chronologie exacte de la dégradation finale de l'église abbatiale, et il relate une tradition d'après laquelle, vers le milieu du 18ème siècle, les moines orthodoxes du monastère de Pakra ont célébré leurs services dans cette église délabrée. (Cette dernière assertion sera altérée chez quelques ecrivains plus récents, croyants à tort que l'occupation de l'abbaye par les religieux orthodoxes aurait eu lieu pendant la domination turque.) De la seconde moitié du 19ème siècle, on a aussi quelques précieuses représentations figuratives de l'église abbatiale (Ivan Kukuljevié Sakcinski, Hugo Hötzendorf, Ernest Kramberger), et puis toute une série des photographies provenantes de l'époque entre 1887 et les années de la Première Guerre Mondiale. Đuro Szabo, le premier chercheur de métier qui a étudié l'architecture de l'abbaye et les sources diverses la concernantes, a tracé les plans du complexe abbatial et de son église, et il a même esquissé une reconstitution de l'aspect original de l'abbaye. Les hypothèses et les calculs de Szabo ont été révisés plus récemment par Zorislav Horvat.
En résumant les idées présentes de l'édifice médiéval à Bijela, nous pouvons indiquer ici quelques faits essentiels. Les murailles externes du monastère, d'un plan demi-circulaire irrégulier et larges de 55-60 mètres au diamètre, étaient renforcées à l'angle sud-ouest par un grand bastion rectangulaire. Le portail d'entrée se trouvait probablement au milieu de la muraille rectiligne de l'ouest. La plus grande part de l'espace intérieur était occupée par le monastère même, comprenant deux ailes d'habitation, une à l'est et l'autre au sud, celle-ci rattachée à un donjon qui était placé près du portail principal. L'aile de l'est aboutissait au nord au chevet de l'église abbatiale. Une distance de près de 20 mètres séparait l'église et l'aile du sud; le cloître était ouvert vers l'ouest. Le chevet de l'église, relativement spacieux (10,5 x 6,2 mètres), se terminait en une abside polygonale; il était couvert d'une voûte gothique combinée, haute de 15 mètres au moins. L'arc triomphal séparant la nef (14 x 7 mètres) du chevet était haut de 7-8 mètres, et le fronton triangulaire qui le surmontait d'environs 22 mètres. Le clocher principal se trouvait au centre de la façade de l'ouest, flanqué probablement par deux toitures pointues moins élevées, l'ensemble donnant ainsi l'impression d'une façade aux trois tours. Derrière la façade il y avait une sorte de narthex ou vestibule, surmonté d'une tribune évoquant un Westwerk. D'après Horvat, les qualités stylistiques datent l'église au début du 15ème siècle. Une mention de l'état délabré du monastère, en 1421, pourrait marquer le post quem de sa construction. L'auteur probable de la construction pourrait bien avoir été Jean d'Alben, évêque de Zagreb, qui était l'abbé commendataire de Bijela en 1422-1433.

Ključne riječi

benedictins; Slavonie; Bijela; abbaye titulaire; ruines; reconstructions

Hrčak ID:

148745

URI

https://hrcak.srce.hr/148745

Datum izdavanja:

15.12.2005.

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