Izvorni znanstveni članak
L'abbaye bénédictine de sainte Marguerite à Grabovo et son rapport avec le monastère bénédictin à Bijela
Stanko Andrić
Sažetak
Après une longue controverse historiographique, la plupart des chercheurs acceptent aujourd’hui de lier le monastère bénédictin de Grab ou Garáb avec Grabovo, un hameau moderne situé dans la région de Syrmie (Srijem), entre le Danube et la montagne de Fruška gora. La difficulté de cette identification provient du fait qu’il n’y a presque aucune indication documentaire du site géographique précis de ce monastère, hormis la donnée générale qu’il appartenait à la juridiction de l’archevêque de Kalocsa. En outre, les plus anciens documents, concernants quelques possessions du monastère qui étaient situées dans une région différente, motivaient d’autres combinations topographiques. La première mention du monastère se trouve dans un verdict d’Ugolin (Ugrin), archevêque de Kalocsa, daté de 1234. Hozuga, abbé de Grabovo, et son “ministériel” nommé Bertolo ont accusé Ivanka, fils d’Abraham, d’avoir occupé leur terre appelée Szelkaróna, située entre la rivière de Peker (aujourd’hui Bijela) et la montagne de Kamena brda (une partie de la Ravna gora). Mais les patrons du monastère, Jacques et Petka, fils de Budur, proclament d’avoir vendu cette terre à Ivanka et l’accusation est rejetée en conséquence. La terre disputée correspond probablement aux environs du hameau moderne de Zajile, autour du cours supérieur de la Bijela, entre les montagnes de Ravna gora au sud et de Papuk au nord, en Slavonie occidentale d’aujourd’hui. Cela constituait la région frontière des comtés de Požega et de Križevci (hongr. Kõrös), et aussi des diocèses de Pécs et de Zagreb. D’un côté il y avaient des larges domaines acquis par Ivanka, l’ancêtre le plus connu de la famille de Velika, et d’autre s’étendait Toplica, la terre de la famille de Tibold, de qui descendaient les deux patrons de Grabovo. Le fait curieux est que, d’après les documents connus, les Tibold n’avaient aucune possession en Syrmie, plus près du monastère lui-même. La charte de 1234, et aussi une autre de 1250, mentionnent, sans la nommer, une autre possession du monastère, voisinante avec celle vendue à Ivanka de Velika. Après une longue silence des sources, un abbé anonyme de Grabovo participe en 1319 à une collation de l’archidiaconat de Vaška (diocèse de Zagreb), rescrite par le pape Jean XXII. Le même pape a permis, en 1332, à l’évêque de Belgrade nommé Paul de rattacher à sa mense épiscopale les revenues de Bijela (Bela), un “lieu ecclésiastique” dans la diocèse de Zagreb qui était “immédiatement subordonné” au monastère bénédictin de Grabovo. La décision fut provoquée par la présence d’un “abbé fou” (fatuus abbas) nommé Étienne à la tête de Grabovo. Dans une bulle de 1337, déplorant les troubles qui accablent les bénédictins en Hongrie, le pape Bénoît XII traite le cas de ce même Étienne, renégat d’un ordre mendiant usurpant l’autorité abbatiale et dissipant les biens temporels non seulement dans l’abbaye de Grabovo, mais aussi dans trois autres monastères bénédictins des diocèses différentes. Le pape exige la déposition de cet imposteur, et aussi la restauration de la communauté monastique à Grabovo, avec un abbé digne de cet office. La déposition n’a pas réussi, car on trouve, en 1340, ce même abbé Étienne protestant, par voie de son official, contre la donation royale d’une terre nommée Rusd (près de Baja, comté de Bodrog) au comte Töttös de Becse. C’est au cours du premier chapitre des bénédictins hongrois, réuni en 1342, que l’on proclame le succès de la restauration du monastère de Grabovo, ainsi que de quatre autres monastères. Le mérite en était à Syffridus, abbé de Hronsky Beòadik (hongr. Garamszentbenedek), dont les dépenses, faites pendant ses efforts au profit de la restauration, devaient être compensées graduellement par les monastères en question. Dans les deux chartes concernant ces arrangements, on alterne les noms de Bijela (Bela), Grabovo (Grab) et aussi “Bijela ou Grabovo” (Bela sive Grab). L’interchangeabilité apparente de ces noms a amené quelques historiens croates à considérer Grabovo simplement comme un nom plus ancien du monastère à Bijela, richement documenté au bas moyen âge. Il y a pourtant plusieurs faits qui s’opposent à une telle explication du rapport entre ces deux institutions bénédictines. Le chapitre provincial de 1366 a promulgué une charte d’importance cruciale pour cette question. Les abbés présidents y ont publié les détails d’un nouveau désordre régnant dans le monastère à Grabovo, de la diocèse de Kalocsa, et dans sa “grange” appelée Bijela (grangia eiusdem Bela vocata). Un abbé nommé Conrad y vivait avec ses concubines, gaspillant les biens du monastère. Toutes les rumeurs défavorables ont éte certifiées par quatre abbés “plus voisins” de Grabovo et de sa “grange”: ceux de Grgurevci (hongr. Szentgergely) et de Francavilla ou Manðelos (hongr. Nagyolaszi), dans la diocèse de Kalocsa, celui de Rudina, dans la diocèse de Pécs, et celui de Zselicszentjakab, dans la diocèse de Veszprém. La distribution géographique de ces quatre abbayes indique la proximité de Grgurevci et de Francavilla au monastère de Grabovo, ainsi confirmant l’emplacement de celui-ci dans la partie syrmienne de l’archidiocèse de Kalocsa. Le même chapitre a prescrit l’arrestation de l’abbé Conrad et sa substitution par le moine Thomas, résidant dans le monastère à Szekszárd. Cette dernière décision a été effectuée, car on trouve Thomas en 1371 comme abbé de Bijela, ce fait attestant encore une fois l’interchangeabilité des deux titres. En effet, les sources survivantes indiquent que, après l’usurpation de l’abbé Conrad, le monastère de Grabovo était graduellement réduit à un simple titre, le siège principale de l’abbé étant transféré à Bijela. Le titre de Grabovo jouissait encore d’un certain prestige pendant quelques décennies, surtout dans les documents pontificaux, mais le contenu matériel des sources montre toujours qu’il s’agissait de l’institution située à Bijela, dans la partie orientale de la diocèse de Zagreb. Ainsi, par exemple, “l’abbé de Grabovo” participe, en 1368 et 1390, aux collations du canonicat de Èazma à un clerc de Virovitica et à un autre de Meðuriæ. Quand l’abbé Laurent a commencé, en 1390, son office de “l’abbé de Grabovo et de Bijela”, un moine nommé Étienne est apparu comme son rival, en quoi il fut appuyé par un prêtre de Bijela (tous les deux ont éte réprimendés plus tard). En 1419, Laurent a obtenu du pape une bulle en confirmation de l’exemption de ses deux monastères – celui de Bijela étant dit subordonné à celui de Grabovo – face à l’autorité de l’évêque de Zagreb, qui l’abbé accusait de s’avoir approprié quelques biens abbatiaux. Et pourtant, après la mort de cet abbé en 1421, c’est justement un évêque de Zagreb, Jean d’Alben, qui est devenu le commendataire de l’abbaye de “Grabovo ou Bijela”. Le reste des document parlent toujours de l’abbé et du monastère de Bijela sans mentionner Grabovo, à l’unique exception du titre assumé par l’abbé Eustache en 1476-9, oùl’on nommait les monastères de Grabovo, de Babócsa (diocèse de Veszprém) et de Bijela comme “canoniquement unis”. Mais, là aussi, les sources révèlent assez clairement que la seule partie vivante de cette “union” formelle fut le monastère à Bijela.
Ključne riječi
bénédictins; Grabovo/Garáb; Bijela/Béla; Syrmie; Slavonie; 13ème-15ème siècles
Hrčak ID:
7961
URI
Datum izdavanja:
30.9.2005.
Posjeta: 4.298 *