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Iconoclasme bysantin (730—843)

Marin Tadin


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page 391-405

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Abstract

L'auteur parle ici de l'iconoclasme byzantin sur lequel il a déjà composé un succinct article destiné au DICTIONNAIRE DES RELIGIONS (Presses Universitaires de France, Paris).
1. Origines de l'iconoclasme. Pour rendre plus accessible ce travail aux lecteurs de différents niveaux intelecituels, l'auteur explique ,1a nomeaicalture théologique et artistique et s'enquiert des origines du mouvement iconoclaste typiquement byzantin. Eu égard aux principes théologiques de l'iconoclasme il faut évoquer la tradition juive, le Coran islamique, les articles doctrinaux des Pàuliciéns et, surtout, les discussions et ' les altercations christologiques¸du Monde chrétien d'Orient.
Au début du VIIe siècle, l'Etat byzantin était menacé d'un côté par les Bulgares et les Scythes du Nord et, de l'autre, par les Musulmans de l'Est et du Sud. A l'empereur — qui se disait »égal aux apôtres« — incombait la lourde charge de défendre l'intégrité du territoire et l'orthodoxie de la Religion chrétienne. En effet, le danger le plus sérieux était l'Islâm qui, pour justifier son expansion, prônait sa mission divine d'imposer le Coran à toutes les nations du globe terrestre. Afin de coordonner et de rendre plus efficaces les forces militaires et religieuses, au profit de l'Etat commun à tous, l'empereur décida de prendre en mains la suprême direction dés affaires publiques. Pour ne pas se heurter aux sentiments religieux des Musulmans hostiles aux icônes, et pour éliminer d'avance leur contestation à cet égard, l'empereur s'ingénia à abolir le culte des images. Il pensait que cette interdiction suffirait pour empêcher les Muslimans d'attaquer l'Empire sous prétexte d'y exterminer l'idolâtrie condamnée par le «-Livre descendu du Ciel (= le Coran). Naturellement, ce projet exigeait une équipe dé théologiens chrétiens qui soient disposés à souscrire aux intentions de l'empereur, et à
lui fournir des textes bibliques et patristiques peu ou pas favorables aux icônes. Le métropolitain d'Ephèse, Théodore, prit la tête des adversaires ecclésiastiques des images.
II. Première période de l'iconoclasme (730—780). a) L'empereur Léon III (717—741) commença la lutte contre les images, s'efforça de justifier ses mesures disciplinaires, demanda l'appui des autorités ecclésiastiques, détrôna le patriarche Germain pour lui substituer le docile Anastase et enleva au pape de Rome plusieurs diocèses de l'Italie du Sud et de l’Illyricum pour les soumettre au patriarche de Constantinople.
Les papes Grégoire II et III, les fidèles évêques et les moines d'Orient réagirent, tandis que S. Jean Damascène élaborait la doctrine favorable aux images qui demeura la source principale de. tous les içonodoules postérieurs.
b) Le fils, et successeur de Léon III, Constantin V Copronyme (741—775), continua et accrut les hostilités dirigées contre les images, contre les clercs et contre les laïcs qui les vénéraient. En outre, il convoqua le conciliabule d'Hiéria-Blachernes (753) pour proclamer son fameux décret ('horos') contre les icônes; ensuite, il ordonna la destruction de ces dernières et la persécution radicale de leurs partisans, surtout des moines.
Le pape Etienne III (Lateran, 769) et le roi Pipin de Francie (Gentilly, 767) condamnèrent les mesures interdisant les images et leur culte.
III. Période de la trêve (775—780) et d'une certaine liberté (780—802). Fidèle à la tradition familiale, Léon IV Khazare (775—780) préférait laisser cette af-faire en sommeil. En revanche, son épouse athénienne Irène respectait les icônes et les moines qui étaient leurs courageux défenseurs. Devenue régente de son fils mineur Constantin VI, Irène pensa mettre fin à l'iconoclasme. De concert avec le pape de Rome et avec les patriarches ortodoxes d'Orient, elle réunit les Pères de l'Eglise, d'abord à Constantinople (786) et puis à Nicée
(787). Ceux-ci abolirent les lois impies des empereurs iconoclastes et approuvèrent le culte des images.
Le pape Hadrien Ier confirma les actes du concile de Nicée (787); cependant,la paix entre les deux Rome ne fut pas conclue; l'empereur refusa de rendre au Saint-Siège les diocèses italiens et illyriens que Léon III lui avait emlevées.
Ce différend accéléra la fondation de l'Empire d'Occident par le couronnement de Charlemagne (Rome, Noël 800).
IV. Deuxième période de l'iconoclasme (813—842). Devenu majeur, Constantin VI rejeta la tutelle de sa mère Irène. En 795, il répudia sa femme légitime, là paphlagonienne Marie, que sa mère lui avait imposée, et épousa sa concubine Théodote. Ce scandale du souverain révolta les gens pieux et les moines de Sakkudion, Platon et Théodore, qui devinrent les chefs de l'opposition et condamenèrent 1a. conduite de l'empereur. Celui-ci emprisonna Platon, exila Théo-
dore à Thessalonique et punit sévèrement de nombreux adversaires, dépasT sant toutes limites, ce qui lui procura l'antipathie de ses propres partisans. Grâce à ce mécontentement à l'égard de Constantin VI, Irène réussit à reprendre le pouvoir et, pour exclure à jamais son fils du trône impérial, elle lui fit crever les yeux dans la même chambre de la Pourpre où il était né. Après cet acte inqualifiable, Irène devint la première femme qui régna en son propre nom et en pleine souveraineté. Elle permit aux persécutés de recouvrer leur liberté et de vénérer les images. Cependant, les nouvelles mesux'es des hautes autorités n'exterminèrent pas tous les iconoclastes; au contraire, ils
déposèrent Irène (802) qui mourut en exil.
Nicéphore Ier (802—811) commença par être prudent. Plus tard, il ralluma la querelle des images et la lutte contre les moines de Studios. Michel Ier Rangabé (811—813) obéissait à l'Eglise et vénérait les images. Léon V l'Arménien (813—820) s'acharna contre les images et contre leurs adorateurs; de surcroît, il renouvela toutes les lois condamnant les images. Michel II (820—829) s'ef-força d'être impartial et tâcha de s'entendre avec le pape Pascal Ier (817—824) et avec le roi des Francs, Louis le Pieux ou le Débonnaire (814—840). Le fils de Michel, Théophile (829—842), permit au patriarche Jean VII Moroharzianos de reprendre les persécutions des içonodoules, ce qui occasionna un grand nombre de martyrs et le dépeuplement des monastères.
V. Victoire de l'orthodoxie (843). Les mesures cruelles de Théophile et du patriarche Jean VII ne pouvaient pas arrêter le cours de l'histoire. Les içonodoules avaient acquis une grande expérience du combat; de plus, ils possé-daient des .travaux documentés et convaincants de leurs théologiens. Le peuple attaché aux images ne désarmant pas de sorte que le trône même se voyait menacé. A la mort de Théophile, sa fidèle femmie Théodora fit tout pour assurer le pouvoir à son fils Michel III (842—867). Elle se rapprocha des içonodoules. Un synode fut convoqué qui déposa le patriarche Jean VII et lui substitua le moine Méthode Hanolakos. Celui-ci proclama la liberté du culte des images, le Premier dimanche du Carême 843; c'était la FETE DE L'ORTHODOXIE, comme on la qualifie toujours.
VI. Conclusion. La querelle des images, certes, a déchiré la Chrétienté orientale pendant onze décénies environ et causé de nombreuses victimes et des dégâts matériels. En revanche, elle a soudé la position de l'Eglise qui n'a pas reconnu à l'empereur le droit de décision définitive dans les affaires concernant la foi et la morale chrétienne. Les içonodoules d'Orient peuvent donc être considérés comme les précurseurs de la Réforme grégorienne du XI e siècle, qui a tamt agité les esprits occidentaux de l'époque. Somme toute, on conviendra que, sans la défense héroïque des images, les icônes des Eglises orientales n'aiuraiient probablemnt pas acquis la grande vénéeration que les fidèles de tous les milieux leur manifestent encore aujourd'hui. Enfin, il faut avouer que le culte des images a largement contribué à la création d'oeuvres d'art dont, à juste titre, s'enorguellit l'Orient chrétien.

Keywords

Iconoclasme bysantin; Iconoclasme; Bysant

Hrčak ID:

89466

URI

https://hrcak.srce.hr/89466

Publication date:

17.12.1984.

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