Original scientific paper
RAPPORT ENTRE LA FAÇADE ET L’ESPACE DE LA CATHÉDRALE DE HVAR ET PROBLÉME DE L’ORDONNANCE STYLISTIQUE
Radovan Ivančević
Abstract
L’auteur traite trois problèmes concernant la rénovation, au XVIe s., en style Renaissance, de la cathédrale de Hvar; le rapport entre la façade et l’églese, et la question de la définition stylistique de ce monument, puis la possibilité de reconstruction en sa forme antérieure à la Renaissance de la cathédrale gothique du XVe s., et, enfin, l’explication plausible du litige qui devait durer dix ans et se poursuivit à Venise (1542-1553) entre l’Inspecteur des Monuments et le constructeur de la cathédrale.
I. Bien qu’appartenant formellement au type tres largement répandu en Adriatique de façade Renaissance »trifoliée«, la façade de la cathédrale de Hvar est seule de ce type dans l’histoire de l’architecture par son rapport avec l’espace de l’église devant lequel elle est placée de façon inhabituelle, semblable à un décor de théàtre. Comme on le sait, le façade de la cathédrale de Šibenik est le seul exemple de solution fonctionnelle de façade Renaissance »trofoliée« car, uniquement dans ce cas, la forme et les contours de la façade expriment la forme du corps spatial devant lequel ils se trouvent (le demi-cercle central est la projection de la voûte en berceau de la nef centrale, et les quarts de cercle des côtés, la projection du profil identique des voûtes des nefs collatérales, du matroneum). Toutes les autres façades »trifoliées« sont placées comme des tympans marqués en coulisse devant les toits à deux pentes des nefs centrale et latérales. A ce type appartiennent également des exemples d’Istrie: (Svetvinčenat), du Quarnero (Osor), de Dalmatie (Zadar) ou de Venise (San Zaccaria), etc… Mais toutes ces façades trifoliées expriment l’intérieur à trois nefs de l’église avec laquelle elles se partagent et la composition de la façade correspond dans le rapport des nefs centrale et latérales et aussi quant à toute la largeur de la cathérale. La cathédrale à trois nefs de Hvar »est la seule à avoir une façade articulée verticalement et terminée, édifiée uniquement devant la nef centrale de l’église«.
Dans les études faites jusqu’à présent sur la cathédrale de Hvar, cette particularité n’a été ni remarquée ni soulignée, comme si, dans l’interprétation du style de la façade on n’écrivait que sur un monument »entre la Renaissance et le baroque«, respectivement sur un monument Renaissance avec marques du baroque.
II. L’auteur considère qu’on ne peut parler de marques du baroque car la façade fut projetée au cours des années 30 du XVIe s. et édifiée jusqu’à hauteur des fenêtres en 1552, donc avant l’apparition du baroque, que l’on peut même, au contraire, placer stylistiquement à l’époque à laquelle appartient aussi chronologiquement le maniérisme non seulement la façade mais le clocher (qui, comme la façade, fut projeté par Nikola Karlić et, avec ses collaborateurs, édifié de 1520 à 1550).
A cet égard, en ce qui concerne la façade, l’auteur souligne l’accentuation de la poussée vers el haut dans la composition, l’allongement spécifique des proportions, la base inhabituellement accentuée, le gonflement et l’exubérance des éléments architectoniques (pris au répertoire de la Renaissance tardive, comme c’est aussi le cas dans lapeinture des épigones dumaniérisme) et, surtout, l’inversion des fonctions de la façade en tant que visage de la construction: au lieu de »découvrir«, »révéler«, »démontrer«, »informer« par sa composition quant à l’espace devant lequel elle se trouve, la façade de Hvar, avec sa partition en trois, masque l’unique nef centrale et trompe le spectateur. Les mêmes principes d’allongement vertical – chaque étage est plus allongé que le précédent – ce qui donne également l’impression du dynamisme de la poussée vers le haut du clocher, de même que toute sa proportion globale verticale, l’allongement inhabituel des fenêtres quadruples terminales, la multiplication des corniches horizontales, justifient que le clocher soit aussi considéré comme un monument de conception maniériste. Les définitions données jusqu’à présent de la forme et de la composition du clocher de la cathédrale de Hvar s’expliquaient par une répétition de la morphologie romane et on attirait, avant tout, l’attention sur certaines analogies extérieures et superficielles. L’auteur considère, par contre, qu’ilexiste une »congruence structurale entre la façade de la cahtédrale de Hvar et son clocher avec les parties plastiques de son clocher qui s’exécutaient à la même époque (1520-1560) dans le cercle de la culture européenne que l’on désigne avec raison sous le nom de maniérisme«.
L’auteur analyse ensuite le rapport entre la façade de l’église du St-Sauveur (Sv. Spas) de Dubrovnik et celle de Ste-Marie de Zadar qui appartiennent au même type de façade »trifoliée«, contestant certaines comparaisons superficielles faites jusqu’à présent entre ces édifices et la cathédrale de Hvar.
III. En interprétant les documents d’archives publiés par C. Fisković dans sa monographie sur Hvar, l’auteur considère que la cause du litige entre l’Inspecteur des Monuments pour la cathédrale de Hvar et son projeteur-architecte, Nikola Karlić (qui dura, comme dit précédemment, de 1542 à 1553) pouvait être l’anomalie citée concernant le rapport entre la façade et l’espace de l’église car ceux qui l’avaient commandée attendaient vraisemblablement une solution dans les normes courantes, habituelle pour ce genre d’édifice.
IV. Finalment, d’après les documents publiés, la visitation pastorale de Valieri (1579) et certaines analogies, l’auteur propose une reconstruction hypothétique de la cathédrale du XVe s. comme monument basilical à trois nefs, trois paires de colonnes et six travées.
L’auteur conclut que le clocher et la façade de la cathédrale de Hvar, construits d’après le projekt de Nikola Karlić de 1520 à 1550 (bien que la façade ait été terminée beaucoup plus tard) au niveau structural du style représentent l’expression de l’esprit artistique de leur temps – le maniérisme – et que, par leur originalité individualle qui ne peut se répéter, ces monuments occupent une place insigne dans le patrimoine architectural européen du XVIe s.
Keywords
Hrčak ID:
140887
URI
Publication date:
28.6.1985.
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