Original scientific paper
INSCRIPTION LATINE DU HAUT MOYEN AGE A STON
Marko Vego
Abstract
Le fragment portant l’inscription latine Roman trouvée près de l’église Sv. Mihajlo (St-Michel) à Ston, ville située dans le presqu’île de Pelješac, est endommagé de chaque côté. D’après le contenu de l’inscription on peut établir que, primitivement, ce fragment n’était pas au-dessus de la porte de la ville. Il semble qu’il ait été plus épais qu’aujourd’hui.
Les lettres de cette inscription latine de Ston sont des majuscules; la décoration est faite d’un double entrelac et d’une croix plastique, dans un cercle tracé au compas. L’entrelac sur une dalle et la stylisation de la croix dans un cercle ne sont pas en opposition avec la période du IXè. au XIIè. s. Si nous n’avions pas eu d’autres éléments sur le monument, nous n’aurions pas pu, d’après la secule ornamentation, fixer avec précision l’époque de l’inscription. C’est pourquoi il a été nécessaire d’arriver à la lecture exacte de l’inscription, d’obtenir, par analyse, tous les éléments graphiques nécessaires et d’expliquer les mots médiévaux.
La formulation sépulcrale dans l’inscription, certaines expressions qui s’y trouvent, par exemple le mot féodal pacificus, démontrent clairement qu’il s’agit ici d’une inscription du Moyen Age et aucunement d’une inscription romaine du Vè. s. (comme le supposait le Dr. Dušan Popović).
Lj. Karaman et V. Vlašić pensaient que l’inscription se rapportait vraisemblablement au roi de Zeta Mihajlo (Michel), donateur de läctuelle église Sv. Mihajlo (St-Michel) à Ston. Ils voient leur opinion confirmée par le fait qu’au début du texte ne se trouve pas l’expression Sanctus qui se serait rapportée à l’Archange Michel. D’après l’usage qu’avait l’Eglise, au Moyen Age, d’invoquer le nom de Saint Michel, je suis arrivé à la conclusion qu’à cette époque il n’était pas toujours utile d’ajouter le mot Sanctus à celui de Saint Michel, car il était sousentendu même s’il ne figurait pas; la meilleure preuve en est l’antiphone du bréviaire pour la fête »Dedicatio S. Michaelis Archangeli« (Breviarium Romanum) où l’on omet le mot Sanctus devant le nom de Saint Michel. C’est à cause de faits semblables que je suis enclin à penser que sous le nom de Michael se cache dans notre inscription celui de Saint Michel Archange. Cette interprétation est confirmée parle reste de l’inscription.
D’après moi, l’inscription devrait se lire ainsi: (Sanctus) Michaelus fortiter (custodiat sepulchrum) super geco (gacha) pacifico cu/m om/nibu/s angelis et archangelis/ Romano.
En analysant la contraction qui se trouve au-dessus de cu et d’oms j’ai établi que l’abréviation du mot omnibus a été faite sous la forme d’oms antérieurement au XIè. s. L’inscription ne peut donc se situer à une époque ultérieure au XIè. s. où régnait le roi de Zeta, Mihajlo. Ce roi aurait certainement fait graver son titre royal dans une inscription disant qu’il avait élevé un monument avec inscription et fait construire l’église Sv. Mihajlo (St-Michel).
Le mot geco à l’ablaif, à la place de gacha, est une expression médiévale désignant le chef d’une église ou d’un couvent -évêque, abbé- et un fonctionnaire quelconque dans les ordres monacaux. On ignore s’il existait quelque monastère à Ston au début du Moyen Age (avant le XIIè. s.), mais on sait que s’y trouvait la résidence de l’Evêque de Ston, dans la première moitié du Xè. s. C’est pourquoi j’affirmerais volontiers que sous le mot Romanus se cache le nom d’un évêque Roman qui vivait vraisemblablement avant le XIè. s. Ceci peut être confirmé, entre autres, par l’analyse de chacune des lettres de l’inscription, surtout par la graphie des lettres A, S, O, R, C, et G. Ce qui est aussi corroboré par la forme des abréviations dans l’inscription. Etant donné ces caractéristiques, l’inscription peut étre datée de l’époque IXè–Xè. s.
D’après les faits historiques concernant l’existence d’un siège épiscopal à Ston en 925 on peut, avec raison, supposer qu’il existait déjà à l’époque, à Ston, une petite église Sv. Mihajlo (St-Michel) – précisément le saint qui est mentionné dans notre inscription – qui était à la fois cathédrale et église de cour. La petite église actuelle de Sv. Mihajlo n’a pas été construite à l’époque du Duc Mihajlo Višević mais une autre du même saint a probablement été élevée sur la même colline, peut-être à l’endroit même où se trouvait primitivement l’inscription sépulcrale Roman. On ne peut établir avec certitude que ce soit le Duc Mihajlo Višević, on son père, qui ait construit l’église Sv. Mihajlo à Ston. Les dignitaires croates érigeaient des églises au IXè. s. ou au commencement du Xè. s. et je n’exclus pas la possibilité que le Duc de Hum ait aussi, au IXè ou au Xè. s., fait élever une église Sv. Mihajlo (St-Michel) plus ancienne que l’actuelle. Cette dernière église servait à l’évêque, à la cour du Duc et à la paroisse. On peut certainement exclure que la construction de la première église de Sv. Mihajlo (St-Michel) ait été faite avant l’an 813 lorsqu’en Occident on institua la fête »Dedicatio S. Michaelis«ˇ
Il n’est pas douteux que des fouilles systématiques sur l’emplacement de l’actualle église Sv. Mihajlo (St-Michel) à Ston apporteraient la solution aux nombreux problèmes soulevés ici.
Keywords
Hrčak ID:
165043
URI
Publication date:
2.4.1962.
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