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Un sérieux dialogue sur le dialogue

Rudolf Koprek
Tomo Vereš ; Filozofsko-teološki institut Družbe Isusove u Zagrebu, Zagreb, Hrvatska


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page 235-250

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Abstract

La Rédaction de notre revue a sollicité un interview sur le dialogue avec le Père dominicain Tomo Vereš, qui est son collaborateur et en même temps professeur de philosophie à l'Institut de philosophie et de théologie des Pères jésuites à Zagreb.
En effet, son livre Filozofsko-teoloski dijalog s Marxom (Dialogue philoso-phico-théologique avec Marx), publié dans notre collection »Biblioteka Obnovljenog života« en 1973 (4-trimestre) a connu un grand succès aussi bien dans les milieux marxistes yougoslaves, qu'auprès des lecteurs cultivés de diverses confessions chrétiennes et non chrétiennes. Nous avons donc demandé l'auteur de préparer le plus tôt possible une deuxième édition élargie de son Uvre et de nous expliquer: d'où vient, à son avis, cet intérêt accru pour le dialogue dans le monde d'aujourd'hui? Quelles sont ses chances? Quel est son sens véritable? Quels sont ses obstacles majeurs? Comment pourrait-il devenir une force spirituelle et sociale en Yougoslavie, étant donné la structure politique, sociologique, confessionnelle et nationale particulière de ce pays? Etc. etc.
Voici très brièvement les réponses du Père Vereš:
1. Le dialogue n'est pas un phénomène qui appartiendrait exclusivement ou même essentiellement à notre monde d'aujourd'hui. U accompagne depuis toujours l'existence humaine sociale.
2. Le dialogue apparaît comme une force sociale particulièrement opérante et importante après un temps de crise (guerre, ébranlements sociaux etc.).
3. Son but est d'essayer unifier dans la diversité les entités dispersées et surtout opposées de la communauté humaine. C'est pourquoi, le dialogue rejette aussi bien les modèles sociaux que l'auteur appelle »monistes«, c'est-à-dire uni-voques, totalitaires et absolutistes, qui tendent à supprimer la diversité réelle dans la société, que les modèles anarchistes et libertins qui déboîtent son unité.
4. Mais le dialogue est pour notre auteur beaucoup plus qu'un modèle social. Il est, pris au sens originel (δια-λέγειν) tout d'abord un modèle ontologique, c'est-à-dire le rassemblement des hommes et des étants dans l'Etre. Or, qu'en est-il de ce rassemblement, demande l'auteur, dans l'histoire des temps nouveaux? Au lieu d'un rassemblement, nous assistons à un rapport d'exploitation de la nature et des hommes par les hommes. Ce sont, selon le Père Vereš, au delà des apparences, la véritable signification et les conséquences néfastes de l'anthropocentrisme théorique (philosophique, théologïque etc.) et pratique dans le monde d'aujourd'hui.
5. Dans la suite, l'auteur essaie de résoudre, à la lumière de ses positions fondamentales, certains problèmes concrets du dialogue p. ex. celui entre la philosophie et la théologie, puis le problème de »la philosophie chrćtienne« (qu'il refuse résolument comme une contradictio in adiecto à cause de l'universalisme, congénital du christianisme, d'une part, et du particularisme idéologique de la dite philosophie, d'autre part).
6. En ce qui concerne le dialogue entre chrétiens et marxistes en Yougoslavie, le Père Vereš pense que presque toutes les données de ce pays (sauf une importante) parlent en faveur d'une existence vraiment dialogale. On n'a pourtant pas trouvé jusqu'à présent une solution satisfaisante de la question: comment insérer ce dialogue dans la structure politique du pays? C'est pourquoi le dialogue entre chrétiens et marxistes est pratiquement inexistant. Mais l'auteur pense qu'il faut poursuivre les recherches en vue de son établissement, à condition, bien sûr, que le pouvoir politique ne demande d'aucune manière l'effacement de l'identité des chrétiens dans le cadre du dialogue.
7. L'auteur répond, enfin, à la question: Y a-t-il un sens quelconque de poursuivre le dialogue comme projet ontologique, étant donné que la mort inéluctable des hommes et la disparition incessante des êtres suppriment toute diversité dans le monde et réduisent toutes les différences à une même matière amorphe et anonyme. Selon le P. Veres, le dépassement de cette situation vraiment tragique et ontologiquement antidialogale n'est possible que dans les pressentiments de la pensée philosophique et des oeuvres d'art (p. ex. aujourd'hui dans les films animés) et surtout par la foi chrétienne en la résurrection de la chair.

Keywords

Hrčak ID:

58038

URI

https://hrcak.srce.hr/58038

Publication date:

23.6.1976.

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