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La « pensée nationale » d’Antun Radić – Le périodique "Dom" (1899-1904) et la « croaticité »*

Edi Miloš ; Filozofski fakultet Sveučilišta u Splitu, Split, Hrvatska


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str. 263-313

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À la fin du XIXe siècle, l’ethnologue, slaviste reconnu et ancien enseignant Antun Radić (1868-1919) sort progressivement des coulisses de la vie politique croate, convaincu que la paysannerie incarne la nation authentique et que la renaissance nationale des Croates ne peut se produire que sous l’impulsion de leur élément rural.
Voulant apporter sa contribution à l’instruction des paysans, il lance en 1899 le périodique Dom et en rédigera jusqu’en 1904 l’intégralité des articles ou presque. Dom doit libérer le paysan des chaînes de l’ignorance, de la peur, du fatalisme comme de son complexe d’infériorité intériorisé, servir d’instrument pour la propagation de la culture, pour la compréhension du monde extérieur et de ses mécanismes.
Parallèlement, Antun Radić destine son Dom à la maturation et à l’affirmation nationales des paysans. Dès le départ, il ne ménage pas ses efforts pour atténuer la confusion identitaire des campagnes croates et essaie de développer un enseignement systématique sur la question nationale, sur la « croaticité », en exposant ses théories et ses conceptions de manière à les rendre accessibles à ses lecteurs. Il énumère et explique patiemment les critères d’appartenance à un peuple, à une nation. À l’en croire, une langue, une culture, un passé communs, ainsi que les droits historiques, ne sont que les ingrédients indispensables, les matériaux d’une nation, mais, pris les uns à l’écart des autres, ils restent stériles. Ils doivent être cristallisés par une conscience collective, par une « pensée nationale ». Pour devenir fécond et mobilisateur, un sentiment d’appartenance à une même communauté, fût-il inconscient, nécessite un système d’idées, une projection idéologique combinant tous les fondements de la nation, puis une adhésion générale à ce système d’idées, une volonté de vivre ensemble sous sa direction et un combat effectif en vue de lui donner forme.
Antun Radić s’évertue à présenter aux paysans leur patrie. Il considère que la Croatie restreinte avec le Međimurje, la Slavonie, la Dalmatie, l’Istrie, la Bosnie et l’Herzégovine constituent les six « pays croates » appelés à s’unir dans un même corps politique. Il ne croit pas à la possibilité d’intégrer dans le complexe politique à bâtir la Baranja, la Bačka, le Banat et la Hongrie occidentale, estimant cette perspective irréaliste. Ses positions relatives à l’élargissement possible de l’espace croate vers le Nord-Ouest, vers le Littoral autrichien, la Styrie, la Carniole et la Carinthie s’avèrent indécises, la volonté des Slovènes et leur évolution nationale devant être prise en compte. Radić ne perçoit pas dans cette « carte » de la patrie une « Grande Croatie », mais un espace naturel de propagation du sentiment national croate, un terrain d’action, qu’il faut faire évoluer vers un ensemble politique aussi unifié que possible, sans pour autant se fixer par avance des objectifs définitifs, en gardant à l’esprit les obstacles et les difficultés qui s’opposeront à sa concentration, comme le rôle décisif que joueront inévitablement les contingences internationales.
Radić distingue de cette patrie géographique la « patrie vivante », les gens, les personnes, les groupes renfermant les attributs de la croaticité, les Croates conscients de l’être ou virtuels, dont la répartition déborde les frontières des « six pays ». Il inclut dans la nation croate tous les locuteurs des langues, dialectes et parlers sud-slaves de la Monarchie des Habsbourg qui, bien que divisés entre diverses administrations, ont appris à vivre ensemble et à partager les mêmes valeurs, une même tradition politique. Par son existence même, la Monarchie a fixé les limites de diffusion de la croaticité.
Radić réfléchit aux chemins, aux moyens, aux méthodes de lutte pour la réalisation des aspirations nationales. Il se prononce pour une participation croissante du peuple des campagnes à la vie politique, économique et culturelle. Il invite les paysans à tisser des liens mutuels toujours plus étendus, à renforcer leurs solidarités. Il en appelle à la création de structures coordonnées par leurs projets, susceptibles d’accoucher d’un réseau patriotique puissant, d’un prototype et d’un laboratoire pour la société à venir, d’une contre-société capable de s’opposer à la domination étrangère. Radić souhaite que la nation se régénère par le bas, qu’elle s’enracine au sein des masses, que les fondements de l’État à construire soient posés à l’avance. L’État deviendrait ainsi une réalité palpable avant même son apparition officielle et sans que soit nécessaire son détachement de la Double Monarchie.

Ključne riječi

Radić, Antun (1868-1919); Contribution à la philosophie politique; Hrvatska seljačka stranka; Croatie – Vie intellectuelle – XXe siècle; Nationalités – Autriche-Hongrie – 1870-1914; Croatie – Politique et gouvernement – 1800-1945

Hrčak ID:

118611

URI

https://hrcak.srce.hr/118611

Datum izdavanja:

1.11.2013.

Podaci na drugim jezicima: hrvatski

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