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Original scientific paper

Le rôle social et culturel des marchands zadarois aux XIVe et XVe siècles

Sabine Florence Fabijanec


Full text: croatian pdf 963 Kb

page 55-120

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Abstract

L’impact social et culturel de la catégorie socioprofessionnelle des marchands, mercatores, à Zadar de la fin du Moyen Age au début de l’époque moderne impressionne par la nette évolution de leur statut social, civique et économique. Durant la première moitié du XIVe siècle, les individus intitulés mercatores sont essentiellement des représentants du peuple ou des étrangers résidants en ville, les habitatores. De la seconde moitié du XIVe au début du XVe siècle, les commerçants sont en majorité des citoyens de la ville, les civis. Toutefois, ils acquièrent progressivement des titres de noblesse hors des murs de la ville (le patriciat d’autres centres urbains –représentants de la noblesse de robe), ou encore, ils sont partie intégrante de la noblesse d’épée croate de l’arrière-pays ou du royaume de Hongrie-Croatie. D’un autre côté, ces marchands ennoblis sont exclus de la vie politique propre à la ville, qui est gouvernée en partie par l’aristocratie locale – et surtout par la République de Venise. Ils deviennent dès lors les représentants les plus distingués d’une bourgeoisie aisée, fondatrice de l’Ecole de Saint-Jacques de Compostelle, qui fait souvent contrepoids à la politique du patriciat de la commune, actif au sein du Grand Conseil. En parallèle, leur pouvoir financier, en biens immobiliers et mobiliers, croît.
Leur formation se déroule soit dans le cadre classique des écoles et des universités, en ville ou à l’étranger, soit sous la forme d’un apprentissage chez un marchand déjà attitré. En ce sens, la profession permet l’ascension sociale la plus rapide : les apprentis venus de l’arrière-pays campagnard ont les moyens – une fois leur formation terminée – de devenir des citoyens reconnus et considérés par leur nouvelle communauté urbaine.
L’acceptation du cercle familial chez les marchands est très large : elle inclut cousins, parents, gendres, serviteurs et enfants bâtards dans la vie de la maisonnée, au même titre que les familles marchandes du Nord de l’Italie. L’entretien des rapports familiaux de large envergure permet à l’homme d’affaire d’asseoir sa position économique, avec un réseau professionnel étendu fondé sur la confiance en ses partenaires. Dans cet espace familial, l’épouse est également un partenaire important, qui résout aussi bien les affaires internes (en tant qu’exécutrice testamentaire), que professionnelles (en participant à des décisions ou en prolongeant l’activité du mari défunt). Qui plus est, les fiancées permettent l’ascension sociale de leurs futurs époux grâce aux accords matrimoniaux avantageux avec des membres de la noblesse locale.
Dans le domaine culturel, certains ressortissants de la classe marchande détiennent des ouvrages d’auteurs contemporains (Divine Comédie) et des livres anciens (Livre d’Enanchet) très rares et précieux. Ils font preuve d’une connaissance étendue des langues (latin, italien, grec, vieux français, voire arabe) et des différents genres littéraires (belles lettres, traités de droits, de médecine, etc.). Certains soutiennent les oeuvres liturgiques en langue glagolitique. De leur vivant, ils fondent des hospices, distribuent des aumônes aux institutions pieuses ou des dots aux jeunes filles démunies; d’autres commanditent des icônes pieuses, donnent à restaurer ou à édifier des institutions à but religieux, et organisent l’une des célébrations de la ville en tant que groupe à part entière.
Fortement intégrés à la mentalité de la société médiévale très pieuse, ils rendent hommage au Seigneur par des donations publiques et dans leurs livres de compte. Enfin, au seuil de la mort, la pratique des legs testamentaires pour les bonnes oeuvres leur permet de se racheter des lourdes suspicions qui peuvent peser sur leur activité aux allures répréhensibles (messes pour le salut de leur âme, nomination des pauvres comme légataires universels, départs en pèlerinage, etc …).
L’affirmation de la classe marchande à Zadar, en Dalmatie, en tant qu’élite économique et culturelle, porteuse d’une mentalité plus matérialiste et novatrice, concorde avec les courants généraux de l’avènement des hommes d’affaires dans le bassin nord méditerranéen.

Keywords

Dalmatie; Zadar; Moyen Age; vie sociale et culturelle; marchands

Hrčak ID:

7781

URI

https://hrcak.srce.hr/7781

Publication date:

1.2.2005.

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