Skip to the main content

Original scientific paper

Substrat historique des enluminures du Missel de Hervoie

Marija Pantelić


Full text: croatian pdf 15.797 Kb

page 39-96

downloads: 764

cite


Abstract

Substrat historique des enluminures du Missel de Hervoie
Les chercheurs qui ont étudié le substrat culturel et historique du Missel de Hervoie (Hm vers l'an 1404) dans l'édition V. Jagić, L. Thallóczy, F. Wickhoff, Missale glagoliticum Hervoiae ducis Spalatensis. Vindobonae 1891. ont conclu que les compositions icônographiques des miniatures Hm ne sont pas en liaison avec l'art italien septentrional, mais qu'elles sont un reflet des schèmas icônographiques bzyantins. L'expression stylistique des miniatures est liée (par Giotto et les miniaturistes florentins) au stye toscan par les décorations des codex liturgiques (110).
L'auteur a tâché de montrer à travers une analyse historique des compositions icôongraphiques quels sont ces éléments byzantino-orientaux mêlés à l'icônographie occidentale et quelle est cette ambiance culturelle qui s'était refletée dans l'enluminure de Hm. Comme Hm attire toujours de nouveau l'attention générale par son enluminure particulière qui diffère de celle des codex croates, latins et glagolitiques du 14-15 siècle, il est nécessaire d'établir un grand nombre d'éclaircissements qui répondraient au secret de son origine, pour découvrir les motifs, les maîtres, le lieu et le temps de sa genèse qui est liée à son titre dux Spalatensis que Hervoie avait obtenu de Ladislas de Durazzo en 1403.
Un aperçu sur la situation politique du royaume de Naples au temps des deux derniers Anjevins napolitains: le malheureux roi Carlo Durazzo (mort en 1986) et son fils Ladislas, découvrent des luttes acharnées de leurs partisans pour garder et fortifier les frontières peu stabiles de ces pays qui appartenaient à leur Etat éparpillé dont les noms se suivaient dans les documents de Carlo Durazzo en l'an 1386. Les puissants féodaux croates: les Šubić, les Nelipić et leurs parents bosniaques Hrvatinići avec Hervoie le plus puissant parmi eux en tête, aidaient les Anjevis napolitains et les amenaient en Croatie et à Boudim sur le trône croato-hongrois. Le règne des Anjevins napolitains coincide dans une de ses étapes au séjour des papes, en majorité Français, en Avignon. Les papes donnent par exemple aux rois en fief les royaumes de Sicile et de Naples et ces derniers défendent les intérêts des papes dans leur royaume.
Urbain V, Français, abbé bénédictin à Marseille, était un défenseur particulier de Carlo Durazzo, et Boniface IX, Napolitain, se rendant compte de la discorde des féodaux croates au temps de la présence turque aux portes des Balkans, fraye avec toutes ses forces le chemin à Ladislas pour qu'il monte au trône croato-hongrois. De même, les membres très habiles de la familie florentine des Acciaiuoli (Nicolo, Benedetto) sont sans cesse présents à la cour de Naples. Le cardinal Angelo Acciaiuoli fait un séjour comme évêque de Rapolla près de Beneveto dans le royaume de Naples et à la cour royale comme tuteur et coregent du roi Ladislas, de l'année 1390-1394. Il accompagne Ladislas avec toutes les autorisations du pape au couronnement à Zadar en 1403. Il mène des pourparlers au nom du roi avec Hervoie Vukčić Hrvatinić, seigneur féodal le plus puissant sur les Balkans, qui devient vicerex de Dalmatie et de Croatie, herzeg de la ville de Spalato après le retour de Ladislas du couronnement à naples en 1403.
Cette réalité culturelle et historique qui concerne le gouvernement des derniers Anjevins napolitains a laissé des traces évidentes dans 94 miniatures, dans 380 initiales environ, dans le calendrier et dans les éléments liturgiques du missel de Hervoie.
Le choix de thèmes pour l'illustration des événements appartenant au vieux testament n'est caracterisé que par deux scènes avec des rois: le roi avec sa suite vient chez Daniel que les lions n'avaient par dévoré. (Tab. II, 2). Le prophète Jonas est représenté dans une composition rare de prédicateur devant roi et les Ninivites pareil au relief de la basilique à Sessa Aurunca, ville des Anjevins de Naples, comme si l'enluminateur avait voulu renfoncer les bones qualités même des rois paiens (Tab. II, 2).
L'ambiance de la Naissance de Jésus Christ rappele l'idyle alexandrienne et antiochiénne, parce que la Mère, l'enfant, Joseph, l'ange, deux sages-femmes se trouvent sous le toit en tuiles. Le toit repose sur 4 poteaux rustiques (Tab. III, 1; IV, 1), tandis que l'Adoration des Mages est mise dans un cadre palestinien, une grotte (Tab. III, 2). L'art byzantin place ces trois scènes sur un seul tableau, tandis que l'enluminateur de Hm les divise en trois miniatures. Il ne place pas la miniature représentant les Mages avec leurs dons à côté de la messe qui accompagne la fête occidentale d'Epiphanie le 6 janvier, mais dans l'octave de la Nativité le 1er janvier parce qu'il a placé à côté de la messe de l'Epiphanie le Baptême de Jesus d'après les coutumes orientales. Quant aux détails orientaux dans les miniatures, il fait mentionner le Baptême de Jésus Christ dans lequel il est trempé dans l'eau tenu par son auréole (Tab. V, 1); ensuite Jésus Christ recontrant la Samaritaine, d'après la variante icônographique byzantine, est assis (Tab. VII, 1); dans le cérémonie du lavement des pieds (cappadocienne) d'après le schéma oriental, Jésus Christ avec la barbe, courbé, embrasse les pieds de Pierre, tandis que les apôtres sont partagés en deux groupes opposés. Cette composition est connue du fresque à S. Angelo in Formis près de Capua du 11e siècle (Tab. X, 1). L'Occident a adopté aussi la composition héllenico-syrienne du Crucifiement avec l'assistance de Marie et Jean seuls, tandis que l'Ascension dans Hm relève la forme jérusalemienne la plus ancienne, dans la quelle le Christ est assis dans une mandorle (Tab. XIII; 3). Nous plaçons de même la célèbre illustration de la Pentecôte sous l'influence orientale, à cause de la descente de pigeon sur l'évangile, c'est-à-dire sur la colonne d'après la coutume orientale (Tab. XVI, 1). De même que les personifications simples des occupations dans certains mois, pour lesquelles l'Occident crée des tableaux entiers et des paysages (Venturi), aussi bien que l'analogie antiochiénne dans la représentation du printemps celle du mois d'avril dans Hm (Tab. XXVI, 1), reflètent le lien réel avec l'icônographie orientale. Les compositions citées qui illustrent les plus grandes fêtes chrétiennes comme: la Naissance, le Baptême, le Lavement des pieds, le Crucifiement, l'Ascension et plus rarement l'illustration de la recontre avec la Samaritaine, sont enregistrées par les bibliographiques de l'icônographique chrétienne (Mâle, Réau) justement sur le territoire d'Apulie et du Calabre, qui ont au 8e siècle prêté asyle qux moines byzantins devant icônoclastes, tandis que les chrétiens de l'Orient et le ermites se refugiaient dans ces pays persécutés par l'invasion des Arabes en Egypte, en Syrie et en Palestine au 9e siècle. Durant le règne des Arabes dans ces pays (9e-10é siècle) ils se cachent dans des grottes qu'ils peignent de fresques et pendant le gouvernement plus tranquille et plus sûr des Normans, au 12e siècle, ils pénètrent das les villes et construisent des couvents. Un assez grand nombre de ces couvents, appelés couvents basiliens dépendaient des abbayes bénédictines, tandis que l'abbé bénédictin de l'abbaye La Cava au sud de l'Italie avait sur eux la jurisdiction épiscopale. Cette abbaye représentait pour le sud de l'Italie ce que Cluny pour l'Europe centrale. C'est ainsi que l'infiltration séculaire des compositions byzantino-orientales dans l'icônographie occidentale se déroulait justement dans la region du royaume napolitain.
La représantation du Christ ressuscité qui sort du sacrophage en pierre à côté du quel dorment des soldats remains qui, depuis le 13e siècle portent des habits des chevaliers français, des croisés (Tab. XIII, 1, 2). La résurrection de Lazare couché horizantelement dans un sacrophage est un schéma occidental, tandis que la composition orientale le place dans une situaton verticale (Tab. IX, 2). Aussi bien la répresentation de la Sainte Trinité avec trois têtes (tricéphale) et caractérstiques humaines, c'est-à-dire avec le signe des âges comme dans le Hm, et non avec des caractérstiques angéliques, sans barbe et attributs qui concernent certains époques de la vie humaine, semble être aussi une invention occidentale (Tab. XVI, 2).
Quant que thémes du nouveau testament qui ne sont pas de thèmes principaux, on s'aperçoit que l'enluminateur dans Hm a mis en relief les scènes qui parlent de Ste Marie Madeleine (5 miniatures), de Marthe (3) et de Lazare (2) (Tab. IX, 1, 2; XIII, 2; XXIII, 1; XXX, 2). Ces amis du Christ étaient surtout vénérés en Provence, domaine des Anjevins franco-napolitains, qui répandaient leur culte en Italie (Giotto, Storie della Maddalena, Florence). La cathédrale de Zara reçoit ses reliques en 1332. La miniature de Louis IX, roi de France, sur laquelle il n'est que par erreur peint en évêque nous initie aux liens avec les Anjevins. La miniature du jeune évêque Louis, Anjevin et franciscain, le montre avec sa couronne sur la partie inférieure de la miniature, parce qu'il a renoncé au trône du royaume de Scile. Excepté de ces traces des influences françains dans les miniatures de Hm, comme apparition des scorpions sur le bouclier du gardien de la tombe du Christ qui furent mis sur les boucliers des soldats en représentant la passion du Christ, existent aussi des autres associations. A savoir que les armes sur le bouclier du personnage central soldat-chevalier auprès de la tombe du Christ peuvent être mises en relation avec le pape Urbain V, ami de la dynastie royale de Naples. Il persuadait les rois chrétiens: Louis le 1er, Charles V, Charles IV et Jean V le Paléologue d'organiser et d'équiper la croisade contre les Turcs qui faisaient obstacle aux pèlerins chrétiens sur leur chemin vers la Terre Sainte. Ce pape recommande le jeune Carlo Durazzo au roi croato-hongrois Louis le 1er qui le nome herzeg croato-dalmate. Pour le recommander de même à l'hiérarchie ecclésiastique résidentielle, il donne à l'abbé bénédictin de Tkon, Petar Zadranin, le honorifique de chapelain à la cour du pape.
Le calendrier de Hm se distingue des autres calendriers croato-glagolitiques, soit parce que de nouveaux noms de saints y apparaissent, soit par les doublets des fêtes les plus usuelles dans ces calendriers.
Le nom de l'abbé Marianus, marqué le 27 janvier, représente l'inovation la plus intéressante. Ce bénédictin était très populaire en France déjà depius le 6e siècle. Son corps repose dans la ville de Forcaliquer au sud de la France, ville qui a appartenu aux Anjevins de Naples. Ce nom est donc venu dans le calendrier de Hm par le modèle du missel latin, probablement un missel royal. La fête de St. Janvier le 19 septembre est aussi caractéristique pour Naples. Le calendrier Hm ne l'enregistre pas à cette date, mais le 22 mai. Ses différentes translations se rapportent au 18 et au 20 octobre, tandis qu'une note ajoutée dans un codex de Monte-Cassino à Benevento enregistre la consécration du sanctuaire de St. Janvier à Benevento même le 23 octobre, au 11e siècle. Une autre date est aussi liée à cette ville. C'est la fête de St. Eustache le 20 mai à côté de sa fête habituelle qui tombe le 12 septembre. Les doublets de ces dates sont introduites aussi dans le Hm. Le calendrier Hm est le seul des calendriers croato-glagolitiques qui enregistre le nom de St. Felicité, de St. Lucien dont le culte était répandu à Benevento et dans le couvent de Monte Cassino. St. Prisque de même, le premier évêque de Capua, d'origine d'Afrique, est lié au calendrier de Benevento, aussi bien que 200 martyrs africains, le 30 octobre. De même que les fêtes de St. Michel archange le 8 mai et la Translation de St. Nicolas le 9 mai, sont liées à Monte Cargano et à Bari, appartenant au domaine des Anjevins de Naples, et sont introduits de même dans le calendrier de Hm.
A côté de la catégorie fondamentale des saints romains dans le Hm, qui est mêlée à la catégorie de Benevento de l'Italie méridionale, on trouve dans le calendrier de Hm des dates de 14 fêtes qui sont enregistrées par le calendrier du Typicon de la Grande Eglise à Constantinople du 10" siècle d'où elles se sont répandues dans toutes les provinces byzantines. A cette catégorie romaine, à celle de l'Italie meridionale, à l'orientale, est ajoutée dans le calendrier de Hm une catégorie de saints regionals, dalmates, hongrois et bohémiens.
Si nous comparons ce répertoire appartenant au fond du calendrier français, à celui de l'Italie du sud, au fond oriental de Constantiople imprégné de la categorie des saints dalmates, hongrois, même bohémiens avec les thèmes icônographiques orientaux et occidentaux, nous recevons le reflet du cuote des Saints de ces régions qui étaient le domaine des Anjevins de Naples, de même que de ceux, auquels ils prétendaient. Ce fait est prouvé par trois miniatures qui représentent la Naissance du Christ à Betléem, deux scènes auprès de la tombe du Christ à Jérusalem avec les gardes qui ressemblent aux Croisés français deux scènes sur Jordan avec Jean le Baptiste, le choix des thèmes avec les villes de Palestine: Sihar, Naim, Kana, aussi bien qu'avec des murs qui ressemblent aux Palais de Dioclétien de Spalato (Tab. VII, 1; IX, 1) et font allusion aux prétentions des Anjevins de Naples au royaume de Jérusalem, titre qui apparaît chez Carlo Durazzo à la seconde place.
Comme le cardinal Angelo Acciaiuoli séjournait dans le royaume de Naples durant 12 ans: 8 ans comme évêque de Rapolla et 4 à la cour royale comme premier personnage après le roi, il est certain qu'il possédait aussi un missel royal enluminé avec les fêtes régionales du royaume de Naples, de même qu'avec la miniature où Ste Verige laisse tomber sa ceinture qu'on vénérait dans la ville de Prato près de Florence. Cette ville appartenait aussi durant un certain temps aux Anjevins de Naples et était sous la direction de certains membres de la familie d'Acciaiuoli. C'est la raison à cause de laquelle Wickhoff à la base de cette miniature conclut qu'un qutre maître ambulant de Florence a fait les enluminures dans le Hm, cependant, que lle choix des miniatures, le calendrier des fêtes de la catégorie orientale et occidentale qui existait en même temps sur le domaine du royaume de Naples démontrent qu'on missel royal enluminé, c'est-à-dire un codex appartenant à la région du royaume de Naples, avait servi à l'enluminure de Hm. Dans l'enluminure de Hm la symbiose des vieux éléments de la provenence de Benevento est évidente: spirales, feuilles, rameaux, initiales ouvertes et brisées et serpentes comme substitut décoratif dans la réalisation des initiales (Tab. XL, 1-2; XLII, 1-5) avec le style contemporain de l'art gothique flamboyant. C'est justement l'inluminure de l'époque angevine qui synthétise la décoration byzantine, occidentale (française) avec la décoration italienne, mais permet l'infiltration de fromes autothoniques, nationales avec l'esthétique locale. On aperçoit dans le Hm aussi les murs du Palais de Dioclétien et la tour de St. Domiuns à Spalato, les ornements décoratifs et héraldiques des armes de la familie de Hrvatinići dans l'exécution des initiales (Tab. XXXIX, 1-3; XLIII, 2; XLIV, 1, 2), de même que la figure entière du duc Hervoie sur cheval avec le drapeau es ses armes à lui, pareil à un souverain indépendant. (Tab. XLV).
Dans le but de lier le plus étroitement possible la ligne Ladislas-Hervoie qui est considéré comme patarène, on pourrait penser que le cardinal Acciaiuoli avait commandé le missel pour le herzeg Hervoie de Spalato. Bien qu'existe une donnée non documentée (Vasari, Opere, ed. III Sansoni, p. 214) que le miniaturiste Matteo di Fillippo Torelli (1365-1442) de Florence avait travaillé avec son frère et ami en l'an 1404 à un certain missel pour le cardinal Acciaiuoli, nous ne pourrions quand même pas conclure que Hm est écrit à Florence. On peut seulement le supposer, jusqu'on ne trouve pas de données dans les archives, que le cardinal avait commandé le parchemin et les accessoires pour l'écriture et l'enluminure et qu'il avait laissé son missel royal ou épiscopal comme modèle pour le Hm. Après le couronnement du roi Ladislas le 5 août 1403, le cardinal Acciaiuoli vit sans cesse à Rome où il se servant du missel local aux caractéristiques romaines, tandis que le missel du royaume de Naples ne lui était plus nécessaire.

Keywords

Hrčak ID:

13946

URI

https://hrcak.srce.hr/13946

Publication date:

30.9.1970.

Article data in other languages: croatian

Visits: 2.745 *