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André Gide : L’homosexualité à la première personne – le « tout dire », la postérité et le « gay pride » pas assez « gay ».
Maja Zorica Vukušić
André Gide
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Du Secret à l’authenticité, celui qui a été connu comme moraliste va être amené à
produire une nouvelle définition de sa sincérité. Ce concept-là, difficile, littéraire, répétitif,
qui mène d’autrui à soi-même, n’assure pas une cohésion du sujet que le Monde
pourrait « dés/approuver ». Eu égard au « Secret » de son homosexualité (uranisme,
pédérastie), l’avènement de cette parole (et sa dénomination même) n’est pas sans
conséquences. L’appropriation d’une identité homosexuelle va poser la question des
formes et des gestes qui accompagnent sa « sortie du placard », inexplicable aux yeux
du Monde. Ses écrits rappellent que le mot même d’« expérience » vient du latin « experiri
», éprouver, et que « periri » se retrouve dans « periculum », péril, danger. Ainsi
l’expérience est-elle ici rapprochée de son étymologie, elle est l’épreuve d’un danger3.
Il faut circonscrire l’objet pensable nommé « homosexualité », « pédérastie », « uranisme » ou « inversion » tout d’abord en posant la question du vocabulaire, de la
dénomination et de la description. Comment parler de l’homme qui « n’aime pas les
femmes » (Vautrin) ? Dans un second temps, l’analyse du discours va comprendre la
caractérisation et la modalisation qui est aussi une modélisation. Dans la constitution
des fantasmes autour de l’homosexualité, dans le rire et l’horreur qu’elle provoque,
la voie est courte de la désignation à la déformation, de la connaissance à l’invention
et de la réalité à l’imaginaire. Enfin, il faudrait analyser non seulement la parole de
Gide sur l’homosexuel, mais aussi comme une parole qui aspire au statut de témoignage,
comme une parole d’homosexuel, de son journal jusqu’à Si le grain ne meurt
en passant par Corydon. Cette parole va se heurter nécessairement à la question de la
publication et ce que ce geste même sous-entend. Le misérabilisme ou l’auto–dérision
de code n’ont rien à voir avec la rhétorique militante de Corydon ni avec le « je » gidien.
L’homosexualité va se dire chez Gide à la première personne, mais elle va être mobilisée
pour raconter le mythe de l’écrivain qui veut délimiter ses propos sur l’homosexualité
de ceux de ses prédécesseurs et de ses contemporains, notamment Proust.
Ipso facto les efforts de Gide de s’ériger en autorité pour pouvoir gérer les gestes de la
revendication d’une identité pédéraste, selon lui, supérieure4, et de tracer une figure
particulière de la postérité, vont introduire une multitude des stratégies d’écriture
divergentes qui ne se réduisent pas à la pratique d’une simple « sortie du placard ».
Ključne riječi
l`homosexualité; la première personne; le « tout dire »; la postérité; le « gay pride »
Hrčak ID:
101815
URI
Datum izdavanja:
2.5.2012.
Posjeta: 6.493 *