Synthesis philosophica, Vol. 34 No. 1, 2019.
Original scientific paper
https://doi.org/10.21464/sp34107
Ethisation à la lumière de la dichotomie entre droit et morale
Pavo Barišić
orcid.org/0000-0002-2731-1488
; Universität Zagreb, Universitätsabteilung für Kroatische Studien, Kampus Borongaj, Borongajska cesta 83d, HR–10000 Zagreb
Ante Čović
; Universität Zagreb, Universitätsabteilung für Kroatische Studien, Kampus Borongaj, Borongajska cesta 83d, HR–10000 Zagreb
Abstract
Cet article vise à faire la lumière sur les tendances de l’éthisation contemporaine dans divers domaines de la vie : des affaires et technologie à la science et politique, en mettant un accent particulier sur le domaine juridique. La question clé est la suivante : quel est le rapport entre l’éthisation contemporaine du monde de la vie, massivement accrue, avec le principe de la séparation entre le droit et la morale et la primauté du droit en tant que minimum de morale ?
La présupposition de départ pour cette réflexion est la division par Thomasius de la loi naturelle en honestum, decorum et iustum, ainsi que la dichotomie par Kant des fondements métaphysiques de la doctrine du droit et de la vertu dans la Métaphysique des Mœurs, ledit cadre représentant le comble de l’exigence des Lumières pour une séparation stricte entre les sphères de la légalité et de la moralité. La question se pose de savoir si les tendances éthiques contemporaines nuisent l’héritage des Lumières de la protection des droits de l’homme.
Sur la base de ce modèle dichotomique, une analyse plus profonde est fournie ayant pour but de démontrer l’impact de l’expansion récente des formes de l’éthique professionnelle, médicale, scientifique, des affaires et autres, de la mise en place massive des comités d’éthique, de la rectitude politique et de la médiation de l’opinion publique. A titre d’illustration, deux études sur des cas exemplaires en Croatie sont ici traitées: les faiblesses normatives d’un code d’éthique et l’abus d’un organe éthique à des fins politiques.
En conclusion, il est montré que l’éthisation contemporaine peut porter ses fruits en promouvant les questions morales et la protection juridique. Cependant, elle ne doit pas dépasser les limites de le régime du droit et le nuire. La séparation entre la morale et le droit est un héritage important de l’Etat constitutionnel démocratique. L’éthisation effrénée et étendue à divers domaines peut néanmoins être dévastatrice pour le bon ordre et le bien-être dans la société contemporaine de plus en plus pluraliste et multiculturelle.
Par conséquent, les juges impartiaux et les tribunaux indépendants devraient juger selon les normes de la justice séculaires et bien établies ; ils le font de manière plus équitable que le feraient le comité d’éthique provisoire ou les commissaires nommés ad hoc. L’éthique peut continuer à traiter du côté intérieur des actions et des maximes. Néanmoins, les maximes éthiques ne sont pas toujours liées à la contrainte juridique extérieure. De cette distinction essentielle, que chaque société devrait déterminer et réglementer avec soin, dépend avant tout la réalisation de la liberté humaine dans sa plénitude.
Keywords
éthisation; droit; moralité; légalité; minimum de moralité; commission d’éthique; code d’éthique; chasse aux sorcières; pluralisme de valeurs; démocratie; Etat de droit
Hrčak ID:
224038
URI
Publication date:
11.6.2019.
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